Antioche sur l'Oronte (2024)

L’histoire…….

La création et l’Antioche Séleucide


L>a plus ancienne trace sur le site est un sanctuaire dédié à la Déesse Anat qui était appelée par lesGrecs "l’Artémis Perse". Ce site a été inclus dans labanlieue Est d’Antioche. Il y avait un village situé sur l’éperon du Mont Silpion (ou Silpios) nommé Iopolis (ou Io), dont le nom serait associé à l’origine d’Antioche, qui est toujours invoqué par Libanios (ou Libanius, auteur Grec tardif de prose, 314-394). Iopolis était un comptoir d’une petite colonieGrecque.


Même vue des ruines Romaines
avec un tombeau en premier plan

Celui-ci nous raconte aussiqu’Alexandre le Grand (336-323), aurait campé sur le site d’Antiocheet qu’un autel dédié à Zeus Bottiæos, y aurait été érigé en commémoration dans le Nord-ouest de la ville. Ce compte se trouve uniquement dans les écritsde Libanios, mais cette légende est surement destinée à renforcer le statut Antioche. Jean Malalas (v.490-578, auteur de la plus ancienne chroniqueByzantine conservée) mentionne un village archaïque au nom de Bottia, dans la plaine au bord de la rivière. Selon la plupart des écrivains, c’est la ville qui est mentionné dans le coran (36 : 13).

D’après Jean Malalas, la ville fut fondée sur un site marqué par un sacrifice humain, celui d’une jeune fille qu’il nomma Aimathè,qui fut après sa mort considérée comme une Déesse, la Tyché (la Destinée). Après la mortd’Alexandre le Grand, ses Généraux (les Diadoques) se répartirent son Empire.En 301, un de ceux-ci, Séleucos I Nikatôr (305-280) le fondateur de l’Empire Séleucide, reçut lors du deuxième partage des territoiresd’Alexandre, la Syrie et la partie Est del’Asie Mineure.


Sculpture sur roche près de la
grotte de l’église de Saint Pierre.


La possession de la Syrie lui donna une ouverture sur la Méditerranée et immédiatement, vers 300, il créa la nouvelle ville d’Antioche sur l’Oronte, qui devint le siège du gouvernement et qu’il appela Antiocheia (enGrec : ‘Aντιόχεια) en souvenir de son père Antiochos. La date exacte de sa construction n’est pas enregistrée, mais elle doit se situer après sa victoire labataille d’Ipsos, en Phrygie, en 301, sur le MacédonienAntigonos I Monophtalmos (306-301) qui y décéda. Antioche fut créée par synÅ“cisme de plusieurs villages avoisinants (Lopolis, Joppé, Méroé et Bottia) et elle connut un essor démographique rapide par l’apport de 3.500 familles, un mélange d’Athéniens et de colonsGrecs déplacés d’Antigonie, l’ancienne capitale située 9 km. en amont sur l’Oronte, des Macédoniens et des Juifs qui, fait très rare, y obtinrentles mêmes droits que les autres habitants. À sa fondation la population totale de la ville est estimée entre 17.000 et 25.000 habitants, à l’exclusiondes esclaves et des colons. Il est dit de Séleucos I que "Peu de Princes ont vécu avec une si grande passion pour la construction de villes".


Base d’une colonne de l’entrée
du temple de Tainat РVIIIe si̬cle av.J.C
– Musée d’Antioche



Mosaïque d’Orphée charmant les animaux

Il est réputé pour avoir érigé dans les neuf Séleucie, seize Antioche et six Laodicée.La première Antioche fut construite par l’architecte Xénarios (ou Xénarius) en retrait de la rive gauche du fleuve afin d’éviter des risques d’inondations. Elle possédait une citadelle sur le mont Silpion (ou Silpios) et était entourée d’une enceinte dont il ne reste rien.Grace à sa situation géographique, à la croisée de deux routes commerciales de la Méditerranée, Antioche fut rapidement l’une des grandes villesde l’époque et se posa très tôt en rivale d’Alexandrie.

Elle devint la capitale de la partie Ouest de l’Empire Séleucide et Séleucie du Tigre joua le rôle de capitale des satrapies de l’Est, où en 294, Séleucos I y installa son filsAntiochos I en tant que vice-Roi. Séleucie du Tigre resta la résidence des différents fils de souverainsqui exercèrent cette fonction jusqu’en 141 où elle fut prise par le Roi des ParthesMithridate I (171-138).Antioche fonctionna avec une autre cité toute proche créée aussi par Séleucos I, le port de Séleucie de Piérie. On sait très peu de chose sur les cinquante premières années de la cité. Tout laisse à penser queSéleucie de Piérie était prévue pour être la capitale du royaume Séleucide, tout du moins tels semblent avoir été les plans initiaux.Mais elle fut d’une grande importance dans la lutte entre les Séleucides et les Ptolémée pendant les Guerres de Syrie.

En 246, les Séleucides perdirent temporairement la cité face ÃPtolémée III Évergète I (246-222), lors de la Troisième Guerre de Syrie (246-241). Ce fut ce qui permit à Antioche de se développer au dépend de Séleucie, qui elle stagna. En fait l’importance primordiale d’Antioche date de la bataille d’Ancyre (ou Ancyra ou Ankara, 240), qui déplaça le centre de gravité de l’EmpireSéleucide del’Asie Mineure et indirectement provoqua le développement de lacité de Pergame. Antioche connut une période très faste sous le règned’Antiochos III Mégas (223-187), à cette époque elle prit l’épithète de "Cité d’or",ce qui suggère que l’aspect extérieur devait être impressionnant.

Toutefois la ville eut besoin de constantes réparations en raison de perturbations sismiques auxquels les quartiers étaient soumis.Le premier grand séisme de l’histoire, qui se produisit en 148 av.J.C. Il est rapporté par le chroniqueur Jean Malalas qui fait état d’immenses dégâts. Antioche fut très souvent l’enjeu des luttes dynastiques des Séleucides et connut fréquemment la rébellion. Par exemple pour lutter contre l’usurpateur Alexander I Balas (150-145), où au fleuve Oinoparas (ou Oenoparus), près de la ville, la bataille aboutie à la défaite finaled’Alexandre I, qui s’enfuit devant les forces deDémétrios II Nikatôr (145-138 et 129-125).


Lions en basalte qui formaient la base d’une
colonne de l’entrée du temple de Tainat –
VIIIe siècle av.J.C- Musée d’Antioche


Ce même Démétrios II fut à son tour chassé de la ville lorsque les habitants exacerbés par sa dureté et la corruption se soulèvent avec à leur têtele Général Séleucide Diodote Tryphon (ou Diodotus Tryphon, 142-138) et portèrent au pouvoir Antiochos VIÉpiphane Dionysos (145-142), le fils d’Alexandre I Balas etCléopâtre Théa, qui n’avait que deux ans.Démétrios II reprit la cité en 129.À Sa mort, Alexandre II Zabinas (126-123/122), autre usurpateur du trône Syrie,profita du chao pour se proclamer Roi de Syrie. Antioche, Séleucie de Piérie, Apamée sur l’Oronte et plusieurs autres villes, dégoûtées par la tyrannie de Démétrios II Nikatôr, reconnurent l’autoritéd’Alexandre II qui eut en plus le soutien duRoi d’ÉgyptePtolémée VIII Evergète II Tryphon (144-116).

Toutefois Alexandre II Zabinas ne fut pas en mesure de conquérirla totalité de la Syrie où le fils de Démétrios II et de la ReineCléopâtre Théa, Antiochos VIII Gryphos (125-96), succéda légitimement Ãson père en 125 et voulut récupérer son trône. Zabinas fuit versAntioche où il pilla plusieurs temples. Il aurait dit en plaisantant au sujet de la fonte d’une statuette de Zeus "Zeus m’a donné la victoire".Furieux de son impiété les habitants d’Antioche jetèrent Zabinas hors de la ville. Il tomba rapidement entre les mainsd’Antiochos VIII qui le fit mettre à mort en 122. Antioche ne profita pas longtempsdu calme puisque elle fut encore au centre de la lutte entre Antiochos VIII Gryphos (125-96) et Antiochos IX Cyzique (114-95) ce qui fit monter la colère des habitants.

En 113, Antiochos IX s’emparad’Antioche. Cependant Antiochos VIII poursuivit la lutte et peu de temps après,il battit son demi-frère. À l’été 112, son armée victorieuse entra à son tour dans la ville. Au cours de la dernière lutte dynastique de la maison Séleucide, entre Antiochos X Eusèbe Philopator (95-83) et Antiochos XI Philadelphe Épiphane, ce dernier prit en 95 la capitale, mais il fut repoussé et vaincu par Antiochos X qui récupéra sa cité, ses environs et la partie Sud du royaume. Lassés par toutes ces guerres, les habitants se retournèrent contre leurs faibles dirigeants et en 83, ils invitèrentle Roi d’ArménieTigrane II (95-54), qui venait d’envahir la Syrie, à devenir leur Roi.Il va garda la cité jusqu’en 68. Puis, après sa chute, les Romains mirent au pouvoir Antiochos XIII Dionysos Philopator Kallinikos (ou Asiaticos, 83-64).

En 67/66, soutenu par la population d’Antioche, un dirigeant local deCilicie, Philippe II Philoromaios, expulsaAntiochos XIII de la cité, mais en 66/65 il fut restauré par le RomainLucius Lucullus. Cependant en 64, les troupes de Pompée (106-48), qui remplaça Lucullus, entrÃrent en Syrie.Antiochos XIII fut battu et se réfugia chez son protecteurle Roi d’Émèse Sampsigeram I (ou Sampsiceramus ou Shams’alkeram, 64-43 av.J.C),mais celui-ci le fit assassiner à la demande de Pompée. La mort d’Antiochos XIIIest traditionnellement admise comme la fin de la dynastie des Séleucides, dont le royaume fut transformé par Pompée en province Romaine.

L’Antioche Romaine


Bien que gardant son statut de capitale de province Romaine, en 64, Pompée donna Antioche au Roi deCommagèneAntiochos I Théos (69-38), dont le royaume se trouvaitpourtant à une certaine distance, ce qui fait qu’en fait la cité eut une autonomie substantielle. Elle conservera le surnom de "Couronne de l’Orient". Sous la tutelle de Rome Antioche progressa très vite. Elle devint la troisième villedu monde après Rome et Alexandrie, en importance économique, commerciale,politique et culturelle. Jusqu’à l’époque Byzantine, La cité fut la capitale de la Syrie Romaine. On a retrouvé des traces de la visite de Jules César (100-44) dans la ville en 47 av.J.C, qui lui conféra un statut de ville libre.


Sarcophage Romain – IIIe siècle –
Musée d’Antioche


Sous le règne de Tibère (14-37), la ville fut étendue vers le Nord. Elle fut dotée d’une unique enceinte et son centre devint une avenue d’environ 30 m. de large comportant 3.200 colonnes, presque parallèle à l’Oronte, en direction du mont Silpion (ou Silpios), séparant le quartier d’Epiphanie du reste de la cité. En 37, la ville fut donnée par le Sénat Romain au Roi de Judée d’Israël Hérode le Grand (41-4 av.J.C). Elle subit un premier tremblement de terre cette même année. Hérode, grand bâtisseur, la fit reconstruire et y ajouta des bâtiments publics.


Mosaïque dite "Océanos et Thétis"

Antioche, à cetteépoque, eut près de 500.000 d’habitants. En 19 ap.J.C, le Consul Germanicus décéda dans la cité et son corps fut brûlé dans le forum.En, 34 ap.J.C, les Apôtres Pierre et Barnabé arrivèrent dans la ville et le Christianisme s’y propagea. En 41 y débutèrent les premiers Jeux Olympiques de la ville.En 47, commença la mission de Saint Paul au départ d’Antioche vers l’Asie Mineur, la Grèce, l’Italie etc…Que ce soit les dirigeants Juifs, commeHérode I Agrippa (37-44) où les Empereurs Romainsqui suivirent, comme Caligula (37-41), la cité bénéficia de leur volonté de l’embellir et de l’agrandir.

Hérode I Agrippa élargit le théâtre,Trajan (98-117) termina les travaux. Antonin le Pieu (138-161) pava la grande artère d’Est en Ouest avec du granit. Un cirque, et un grand nombre de bainsfurent construits, ainsi que des aqueducs. Hérode Agrippa II (54-92) érigea une longue stoa à l’Est et il encouragea le développement d’un nouveau quartier au Sud de celle-ci. En 115, au cours d’untrès puissant séisme qui fit environ 70.000 morts, l’Empereur Trajan (98-117), qui séjournait dans la cité, fut obligé de se réfugier dans le cirquependant plusieurs jours. Les destructions furent considérables, mais Trajan puis Hadrien (117-138) rebâtirent la ville encore plus somptueuse qu’avant.La grande colonnade, cÅ“ur commerçant de la cité, fut entièrement refaite sur toute sa longueur. Entre 162 et 166, durant la guerre contre lesParthes, l’Empereur Lucius Verus (161-169) séjourna à Antioche, entouré d’une cour brillante.


Arche Romaine sur un tunnel de
dérivation à travers la montagne
pour protéger Antioche des inondations


En 176, l’Empereur Marc-Aurèle (161-180), de retour de son voyage en Orient, visita la ville.Il fit restaurer des thermes et surtout il fit construire le Nymphée, une fontaine monumentale ornée comme un décor de théâtre. Antioche avait pourtantsoutenu l’usurpateur Avidius Cassius, mais l’Empereur n’avait pas pris de mesures de répression contre la cité. Son fils Commode (177-192) organisa desjeux olympique dans la cité et il fit construire de nouveaux thermes, des temples dédiés à Zeus Olympien et à Athéna et surtout le Xystes (ou Xystos) qui était un stade couvert.

En 193/194 au cours de la guerre civile Romaine Antioche se rangea du côté de son Gouverneur Pescennius Niger qui revendiquait le trôneà l’Empereur Septime Sévère (193-211). Après la victoire de ce dernier, Antioche fut punie et rétrogradée au rang de simple bourgade duterritoire de Laodicée (Lattaqiyyeh).Toutefois elle retrouva rapidement son statut de capitale de Syrie. Avec la multiplication des conflits entre l’Empire Romain et l’EmpireParthes, puis l’EmpireSassanide. Elle devint très souvent la résidence impériale etservit de base arrière lors des campagnes Romaines en Mésopotamie. Beaucoup des Empereurs suivants y séjournèrent, parfois de long moment.

Statue représentant un
voyageur couché et endormi –
Musée d’Antioche

En 243, le Roi desPerses SassanidesChâhpûhr I (ou Shapur, 241-272) continua la lutte menéepar son père contre Rome. Il conquit l’Arménie et y installa sur le trône son fils (Filiation incertaine) Artavazde VI (ou Hormizd-Ardaschir, 252-271). Ce fut un motif de guerre pour Rome qui rassembla ses légions en Syrie et l’Empereur Valérien I (253-260) marcha contre lui pour venir en aide auxArméniens occupés.Châhpûhr I réagit rapidement, il réunit ses vassaux et attaqua le premier avec le soutien del’Arménie dirigée par son fils. En 252, il remporta une victoire contre les légions Romaines à Barbalissos (ou Bâlis, Syrie) sur l’Euphrate, puis à Chalcis (ou Qinnasrin, Syrie). Il ravagea la Syrie entière avec l’aide d’un fonctionnaire Syrien, Mariadès, dissident Romain exilé d’Antioche.

Cependant, Châhpûhr I s’arrêta devant Antioche où il laissa Mariadès prendre le pouvoir (On ne sait à quel titre) et lui faire allégeance.En 254, le Roi Perse changea d’avis, il pritet détruisit la cité. Il massacra de nombreux habitants dans le théâtre et d’autres furent déportés enPerse où ils participèrent à la création de nouvelles cités.En Syrie, Châhpûhr I se heurta à la résistance locale et aux restes reformés de l’armée Romaine dans la région d’Émèse(ou Homs, Syrie). Dans le même temps Valérien I, reprit pied à Antioche et il rétablit l’autorité Romaine sur les territoires.Châhpûhr I se replia alors surCtésiphon, ne conservant que Nisibe (ou Nisibis ou Nusaybin ou Nisibia ou Nisibin, Sud-est de la Turquie). Valérien I reconstruisit alors la cité.

Sous l’Empereur Dioclétien (284-305) la Syrie fut réorganisée, subdivisée en unités plus petites et Antioche devint le siège dudiocèse d’Orient. Avec la montée du Christianisme, elle joua un rôle important dans le domaine religieux. À cette époque, Antioche fut presque l’égale de Rome, se mesurant à Alexandrie, ce qui conduisit à ce qu’elle soitreconnue comme le siège de l’un des cinq patriarcats du début de l’ère Chrétienne. Cette période est qualifiée par certains de"Floraison économique", les constructions de bâtiments publiques se multiplièrent : Construction de bains, de théâtres, d’hippodromes,d’universités, d’écoles, de temples etc…

Vers 350, Antioche fut la résidence impériale du César Constantinus Gallus quifit régner dans la cité une atmosphère de terreur policière.En 362/363, l’Empereur Julien l’Apostat (360-363) avant son départ pour la Perse y fit un séjour houleux. Il avait cependant de grands espoirs pour la ville, qu’il considérait comme une rivale de la capitale impérialeConstantinople. Les surnoms injurieux que lui infligèrent les Antiochiens l’irritèrent au point qu’il répliqua par un discours pamphlet, leMisopogon. Julien est tout de même censé avoir construit la bibliothèque en 361.

Son successeur, l’Empereur Valens Flavius (364-378), dota la cité d’un nouveau forum, avec une grande statue de son frère Valentinien I (364-675) sur une colonne centrale.Il ait ouvrir de nouveau la grande église de Constantin. En 387, suite à un nouvel impôt, la population Chrétienne de la ville se révolta contre l’EmpereurThéodose I (379-395), la révolte des statues, durant laquelle la population renversa les statues de la famille impériale et détruisit des templespaïens. La cité fut sanctionnée par la perte de son statut de métropole. En 526, un terrible tremblement de terre fit 100.000 morts (ou 250.000selon d’autres sources). Des tremblements de terre importants, le 29 Novembre 528 et 31 Octobre 588 sont également enregistrés.


Monnaie de l’Empereur Julien
trouvée à Antioche

En 528, L’Empereur Justinien I le grand (527-565), rebaptisa la ville Théopolis (ou Théoupolis"Cité de Dieu") et restaura un grand nombre de ses bâtiments publics. La cité eut à peine le temps de se reconstruire puisqu’en 540(538 selon d’autres sources) le Roi des Perses SassanidesKhosrô I Anushiravān (ou Khusrau ou Khosroes, 531-579)en fit la conquête et la pilla. Puis il déporta une grande partie de sa population dans les environsd’Ecbatane. Avec ces deux catastrophes Antioche perdit plus de300.000 habitants.

Justinien I le Grand, fit un effort pour la relancer en lançant une vaste opération de restauration, il éleva une nouvelle muraille, mais sur une superficie plus réduite, la gloire de la ville était passée. En 637/638, sous le règne de l’Empereur Byzantin Héraclius I (610-641), Antioche fut conquise par les arabes du califat d’al-Rashidun. La ville fut alors connue en arabe comme Antākiyyah (أنطاكية). À cette période la population passa à la langue et à la culture arabe.Les historiens s’accordent généralement à dire que la présence arabe, à partir du VIIe siècle, entraîna un déclin général deSéleucie de Piérie et d’Antioche.


Entrée de l’église Saint pierre

Antioche et le Christianisme


Antioche fut le chef de file des débuts du Christianisme.Une communauté de fidèles du Christ s’y développa dès les premières années du Christianisme et, selon les Actes des Apôtres (11:26), c’est là que lesdisciples de Jésus reçurent pour la première fois le nom de "Chrétiens". La cité fut peut-être évangélisée par Saint Pierre, dont la traditionfait le premier Évêque de la ville, selon la tradition sur laquelle le patriarcat Antiochien repose encore sa demande de primauté, etcertainement par Saint Barnabé et Saint Paul au cours de son premier voyage missionnaire.


Selon une tradition tardive (la légende dorée), Saint Pierre fut nommé Évêque d’Antiocheaprès avoir converti son Prince en ressuscitant son fils mort depuis quatorze ans. Au début du IIe siècle, l’Église d’Antioche était déjà extrêmementorganisée, avec Saint Ignace pour Évêque depuis l’an 69. Antioche ne doit pas être confondue avec Antioche de Pisidie, à laquelle les premiers missionnaires vinrent plus tard. Entre 252 et 300, dix assemblées de l’Eglise eurent lieu à Antioche et la ville devint le siège de l’un des quatrepatriarcats originaux, avec Jérusalem,Alexandrie et Rome.

Vers 270 les Chrétiens d’Antioche se divisèrent, certains soutinrent leur Évêque très controversé Paul deSamosate, tandis que d’autres firent appel à l’arbitragede l’Empereur Aurélien (269-275) pour le chasser de sa résidence épiscopale. Au IVe siècle, l’Église d’Antioche fut considérée comme la plus importantede la Chrétienté après Alexandrie et Rome. Entre 327 et 341, elle futl’une des premières villes de l’Empire à construire une importante cathédrale.


Église Saint Pierre – Cette chapelle troglodyte
est prolongée d’un souterrain par où les
premiers Chrétiens pouvaient fuir

La population Chrétienne est estimée par Jean Chrysostome à environ 100.000 personnes au moment du règne del’Empereur Théodose I (379-395). L’importance religieuse d’Antioche diminua progressivement avec la montée de Constantinople et l’érection deJérusalem en patriarcat. De plus, l’Église d’Antioche fut affaiblie par leshérésies Arienne (Concile d’Antioche de 324), puis Nestorienne et Monophysite. Aux IVe et Ve siècle, la ville donna son nom à une certaine école exégétique de pensée Chrétienne, qui se distingua par l’interprétation littérale de l’Écriture des textes de la Bible et l’insistance sur les limites humaines de Jésus.

Jean Chrysostome, Diodore deTarse et Théodore de Mopsueste furent les dirigeantsde cette école. Antioche est aujourd’hui le siège d’un patriarcat des Eglises Orthodoxes Orientales. L’une des églises Orthodoxes d’Orient est encore appeléel’église Orthodoxe d’Antioche, mais elle déménagea son siège d’Antioche à Damas. Toutefois son premier Évêque conserva le titre de "Patriarche d’Antioche".


La cité


D’après Jean Malalas, la ville fut fondée sur un site marqué par un sacrifice humain, celui d’une jeune fille qu’ilnomme Aimathè, qui fut après sa mort considérée comme une Déesse, la Tyché (la Destinée) et son sanctuaire, fondé parSéleucos I, devint l’un des plus importants de la cité. Un aigle, l’oiseau de Zeus, avait emportéun morceau de chair de la sacrifiée et la ville fut fondée sur l’aire de l’aigle. En fait, Antioche fut créée par synÅ“cisme de plusieurs villagesavoisinants (Lopolis, Joppé, Méroé et Bottia) et connut un essor démographique rapide par l’apport de 3.500 familles, un mélanged’Athéniens et de colonsGrecs déplacés d’Antigonie, l’ancienne capitale située 9 km. en amont surl’Oronte, de Macédoniens et de Juifs.


Calice d’Antioche – VIe siècle –
Metropolitan Museum of Art

Séleucos I confia laconstruction de cette première Antioche à une commission de trois superviseurs, Attaios, Péritas et Anaxicratès. Conçue par l’architecte Xénarios (ou Xénariusou Xénaïos) sur un plan hippodamien, à l’image d’Alexandriedont elle se voulait la concurrente dans la région, elle ne comprenait au départ que deux quartiers. Ce qui allait devenir le quartier royal, dans l’île aumilieu de l’Oronte et le quartier Sud avec ses rues parallèles au fleuve. Il fut fait un troisième quartier dans l’île qui fut terminé sousAntiochos III Mégas (223-187) avec la construction du palais (ou quartier royal) et un quatrième et dernier quartier, le quartier d’Épiphaneia, fut ajouté encore plus au Sud, parAntiochos IV Épiphane (175-164) qui voulait en faire le centre politique de la cité.


Mosaïque de Narcisse et Echo –
Musée d’Antioche


Pour honorer la Tyché, le Roi Séleucos I commanda une statue au sculpteur Eutychidès deSicyone (voir photo ci-dessous). Cette Å“uvre monumentale devint une des plus célèbres du monde Grec. Elle représentait la jeunefille assise sur un rocher, qui symbolise le mont Silpion (ou Silpios), voilée et couronnée par une représentation des remparts d’Antioche, tenant à la maindes épis de blé, à ses pieds apparaissait un jeune nageur étendant les bras qui représentait l’Oronte.

Séleucos I fonda aussi d’autres sanctuaires pour sa nouvelle ville :Celui de Zeus Bottiæos et dans les environs un temple dédié à Athéna avec une statue de bronze pour les colonsAthéniens d’Antigonie. Il créa aussi un bois sacré de cyprès à proximité duDaphneion, le "Sanctuaire du Laurier", consacré à Apollon, au Sud-ouest, sur les hauteurs de Daphné. D’Ouest en Est l’ensemble de la villefaisait environ 6 km. et presque autant du Nord au Sud, ce domaine comprenait de nombreux grands jardins.

La cité était entourée d’une enceinte dont il ne reste rien. Libanios décrit les premiers bâtiments et l’aménagement de la cité (ip 300. 17). On y trouvait dans le centre une intersection de deux grandes rues Ãcolonnades. Ce fut une ville florissante et prospère avec des industries textiles, de joaillerie et de produits de luxe, mais qui ne put rivaliser ni avecAlexandrie, ni avec Pergame, comme foyer littéraire et artistique.


Mosaïque dite :
"des quatre saisons"


Inscription en Grec sur un
bas-relief en marbre –
Ier / IIe siècle ap.J.C –
Trouvée dans le cimetière Nord,
tombeau 3 – Musée d’Antioche

La cité fut sans cesse agrandie, ce qui lui valut le surnom de Tétrapolis (citéquadruple) donné par Strabon (GéographeGrec, v.63 av.J.C-v.23 ap.J.C). À partir de l’ère Romaine, lorsquela paix fut revenue, la ville bénéficia d’une certaine autonomie tout en dépendant de divers souverains au fil du temps. Que ce soit les dirigeantsJuifs, commeHérode I Agrippa (37-44) où les Empereurs Romainsqui suivirent, comme Caligula (37-41), la cité va bénéficier de leur volonté de l’embellir et de l’agrandir.

La ville souffrit du séisme de 37 ap.J.C, mais les monuments furent restaurés par Caligula qui fit construire à Daphné des thermes avecleur aqueduc. L’Empereur Titus (79-81) ajouta un théâtre à proximité de ce dernier.Hérode I Agrippa élargit le théâtre. L’Empereur Domitien (81-96), fit construire des thermes et un temple d’Asclépios. Le souverain JuifHérode Agrippa II (54-92) érigea une longue stoaà l’Est et il encouragea la croissance d’un nouveau quartier installé au Sud de celle-ci.

L’Empereur Trajan (98-117) termina les travaux commencés sur le théâtre parHérode I Agrippa et fit ériger un nouveau pont, uncirque et de nouveaux thermes. En 115, au cours d’un très puissant séisme Trajan qui séjournait dans la cité fut obligé de se réfugier dans le cirque pendantplusieurs jours. Les destructions furent considérables, mais Trajan, puis Hadrien (117-138), rebâtirent la ville encore plus somptueuse qu’avant.La grande colonnade, cÅ“ur commerçant de la cité, fut entièrement refaite sur toute sa longueur. La chaussée centrale avait une largeur de 9 m.,les portiques latéraux une largeur presque équivalente et les boutiques une profondeur de 4 m. C’était sous les portiques qu’on circulait, à l’abri du soleilet des intempéries. Hadrien fit construire deux temples, un dédié à Artémis et un dédié à Trajan divinisé.


Mosaïque dite : "des danseurs bachiques"


L’Empereur Romain suivant, Antonin le Pieu (138-161) pava la grande artère d’Est en Ouest avec du granit. Il construisit un cirque et un grand nombre de bains, ainsi que des aqueducs. L’Empereur Marc-Aurèle (161-180) fit restaurer des thermes et surtout il fitconstruire le Nymphée, fontaine monumentale ornée comme un décor de théâtre.

Son fils Commode (177-192) organisa des jeux olympique dans la cité et il fit construire des temples dédiés à Zeus Olympien et à Athéna, ainsi que le Xystes (ou Xystos) qui était un stade couvert et surtout de nouveaux thermes si monumentaux que l’Empereur Caracalla (198-217)s’en servit pour donner ses audiences. L’Empereur Julien l’Apostat (360-363) est censé avoir construit la bibliothèque d’Antioche en 361. Son successeur,l’Empereur Valens Flavius (364-378), dota la cité d’un nouveau forum, avec une grande statue de son frère Valentinien I (364-675) sur une colonne centrale.


La Tych̩ РMus̩e du Vatican

Le site archéologique


Peu de traces de la grande ville Romaine sontencore visibles aujourd’hui, mis à part : Les énormes murs de fortification près des montagnes à l’Est de la ville moderne, des aqueducset l’église de Saint-Pierre, qui est déclarée être un lieu de rencontre d’une première communauté Chrétienne. La majorité dela ville Romaine se trouve profondément enfoui sous les sédiments de la rivière Oronte où a été malheureusem*nt caché par des constructions récentes.Entre 1932 et 1939, des fouilles archéologiques sur le site d’Antioche ont été entreprise sous la direction du "Comité pour l’excavation d’Antiocheet de ses environs", qui était composé de représentants du Musée du Louvre, du Baltimore Museum of Art, du Worcester Art Museum, du PrincetonUniversity et plus tard, en 1936, également du Fogg Art Museum de l’Université de Harvard et son affilié de Dumbarton Oaks. Les équipes de fouillesn’ont pas trouvé les grands bâtiments qu’ils espéraient découvrir, y compris la grande église Constantine Octogonale ou le palais impérial.

Toutefois, une grande réalisation de l’expédition fut la mise au jour des très belles mosaïques Romaines, de villas et de bains à Antioche,mais aussi à Daphné et à Séleucie du Tigre. Une mosaïque comprend une représentation d’une procession d’Antioche à Daphné, montrant de nombreux bâtiments anciens en cours de route. Les mosaïques sont maintenant exposées au musée archéologique de Hatay Antakya et dans les musées du Sponsoring Institutions. Un certain nombre de figurines et statuettes ont été trouvée qui honore la grande Déesse d’Antioche, Tyché.


Mosaïque d’Iphigénie à Aulis –
Musée d’Antioche


On trouva aussi une statue monumentale, aujourd’hui au musée du Vatican, qui représente la Déesse en une majestueuse jeune fille assise sur un rocher, qui symbolise le mont Silpion (ou Silpios), voilée, couronnée par une représentation des remparts d’Antioche et tenant à la main des épis de blé, à ses pieds apparaissait un jeune nageur étendant les bras qui représentait l’Oronte. Au cours des dernières années, ce qui reste des antiquités Romaines et de la fin de la ville ont subi de graves dommages à la suite des travaux de construction liés à l’expansion de la ville moderne d’Antakya. Dans les années 1960, le dernier pont Romain fut démoli pour faire place à un moderne pont à deux voies. L’extrémité Nord d’Antakya a connu une croissance rapide au cours des dernières années et, à coup de bulldozers, ses constructions ont commencé à recouvrir une grande partie de laville ancienne, bien qu’en partie protégée par le musée local.

Antioche sur l'Oronte (21) Voir les Photos du :Musée d’Antioche (Antakya Museum)

Antioche sur l'Oronte (22)Bibliographie


Pour d’autres détails sur la ville voir les ouvrages de :

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Antioche sur l'Oronte (2024)
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